Discours de la Reine Elizabeth II lors du centenaire des 72 résolutions du 10 octobre 1864, Fondement de la Confédération
Par | Le 21/04/2017 | Commentaires (1) | Biographie
La reine Elizabeth II fête aujourd'hui ses 91 ans. Comme tous les ans, l'anniversaire de Sa Majesté a été salué par 41 salves de coups de canon à Hyde Park et 62 à la Tour de Londres. Née le 21 avril 1926, la reine a l'habitude de fêter son anniversaire en deux temps: en privé le jour J, puis lors d'une cérémonie officielle au mois de juin, selon une tradition séculaire destinée à échapper aux caprices de la météo.
Si Elizabeth II se fait un peu plus rare, il n'est pas question pour elle d'abandonner sa charge, s'accordent l'ensemble des spécialistes royaux. Fidèle à son « serment du Cap », proféré à l'occasion de son 21e anniversaire, elle consacrera sa vie, « qu'elle soit longue ou brève », au service de ses sujets. Cette endurance contribue à sa popularité aujourd'hui au zénith. La souveraine, qui a toujours pris soin de se tenir éloignée des affaires politiques, s'affirme même comme l'un des derniers facteurs de cohésion dans un Royaume-Uni miné par les régionalismes et profondément divisé depuis le vote pour le Brexit.
À l'occasion de l'anniversaire de la reine Elizabeth II, nous reproduisons le discours qu'elle prononça à l'Hotel du Parlement le 10 octobre 1964. Le seul discours de la monarchie qui mérite d’être reconnu au Québec. Mais ils l’ont bloqué au Canada, selon Réal Brabant.
Je vous remercie de tout coeur, M. Le Premier ministre, des paroles de bienvenue que vous venez de m'adresser ainsi qu'à mon mari; nous en sommes vivement touchés. Je suis très heureuse que vous m'ayez invitée à venir à Québec après ma visite à l'Ile du Prince-Edouard pour commémorer les origines de la Confédération, d'autant que les résolutions formulées ici en ont établis les bases.
Il m'est agréable de penser qu'il existe dans notre Commonwealth un pays où je puis m'exprimer officiellement en français ― une des langues les plus importantes de notre civilisation occidentale.
Cette langue de clarté est un instrument précieux au service de la compréhension, et je suis sûre que sa plus ample diffusion et l'approfondissement de ses richesses ne peuvent que profiter à toutes les intelligences et favoriser un échange plus fructueux des idées.
C'est un grand plaisir pour nous de revenir à Québec où deux fois déjà nous avons reçu un accueil chaleureux. Vous continuez ainsi une tradition de cordiale hospitalité.
Déjà, à l'occasion du troisième centenaire de Québec, mon grand-père vint rendre hommage à son illustre fondateur, Samuel de Champlain. Il déclara alors en français et en anglais :
« C'est du fond du coeur que je vous félicite d'avoir possédé un semblable héros. Que sa statue orne à jamais votre histoire capitale, pour rappeler, s'il en est besoin, aux citoyens de Québec les éminentes qualités de piété et de courage, d'humanité, de force d'âme et de loyauté qui ont distingué ce fidèle serviteur de son Dieu et de son roi. »
J'ajoute que mes parents m'ont souvent parlé de l'excellent souvenir qu'ils gardaient de leur séjour parmi vous.
Ma dernière visite fut en juin 1959, quand je présentai des drapeaux au Royal 22e régiment dont je suis le colonel en chef. Une heureuse coïncidence veut que je revienne au moment de son cinquantenaire. Le régiment au cours de deux grandes guerres et des opérations en Corée, a su se forger une noble tradition dans l'honneur, la vaillance, et le sacrifice. Je me réjouis à la pensée d'inaugurer cet après-midi, à la Citadelle, le mémorial où sera conservé le livre d'or où sont inscrits les noms des 1,450 morts au champs de d'honneur. J'y allumerai la flamme du souvenir qui brûlera à jamais pour rappeler leur sacrifice.
Aujourd'hui, le 22e continue de se distinguer au service de la paix ― notamment à Chypre ― comme autrefois dans la guerre.
En accomplissant les gestes officiels de ma visite, j'attache la plus grande importance à la chaleur des contacts humains. Je me tourne vers celles qui me sont proches, vers celles avec qui je me sens spontanément en communion, les mères de famille canadiennes. Je ne parle pas seulement à celles qui sont ici. Je m'adresse ― comme si elles étaient toutes présentes en fait comme elles le sont dans mon coeur ― à toutes celles qui ont serré un enfant dans leurs bras en rêvant de ce que sera son avenir.
Cet avenir, nous devons le préparer aujourd'hui. Entre compatriotes nous devons nous expliquer et présenter sans passion notre point de vue, tout en respectant l'opinion des autres. Les problèmes sombreront dans la confusion si nous ne savons pas les illuminer de fraternité et d'humanité. Que le dialogue reste ouvert, et il tendra à unir les hommes de bonne volonté. Le vrai patriotisme n'exclut pas la compréhension du patriotisme des autres.
Le régime démocratique repose sur l'adhésion consciente des citoyens. Le rôle de la monarchie constitutionnelle est de personnifier l'État démocratique, de sanctionner l'autorité légitime, d'assurer la légalité des moyens, et de garantir l'exécution de la volonté populaire. Mon ardent désir est que personne, parmi mes peuples, ne subisse la contrainte. Pour que les habitants d'un pays soient heureux, il leur faut vivre dans un climat de confiance et d'affection. Mais que dans un État dynamique, un protocole tracé il y a 100 ans ne répond pas nécessairement à tous les problèmes du jour, cela n'a rien d'étonnant.
J'espère que le centenaire de notre Confédération sera devant le monde un symbole d'espérance. Pour réussir pleinement il doit produire une entente efficace et librement consentie qui sera l'expression de la maturité de notre pays.
Nous sommes fiers du rôle irremplaçable et de la destinée particulière du Canada français. Pendant 400 ans il a conservé sa vigueur et sa force, et lorsque vous chantez « Ô Canada » vous vous souvenez que vous êtes nés d'une race fière. C'est à cette fierté, à cette noblesse de coeur, que je m'adresse en rappelant que c'est d'un grand avenir qu'ont rêvé les Pères de la Confédération. Leur oeuvre vaut d'être poursuivie. Ainsi les coeurs qui ont nourri une telle entreprise n'auront pas battu en vain. En servant les vrais intérêts du Québec, vous servirez ceux du Canada, comme les vrais intérêts du Canada doivent servir ceux du monde entier.
The Queen's Speech - Discours de la Reine (10 OCT 1964) Français (English subtitles)
À propos de la Reine Élisabeth II
Élisabeth II (en anglais : Elizabeth II), née le 21 avril 1926, est le monarque constitutionnel du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains (appelés royaumes du Commonwealth) et de leurs territoires et dépendances, ainsi que le chef du Commonwealth of Nations regroupant 53 États.
Lorsque son père George VI accède au trône en 1936 à la suite de l'abdication de son frère Édouard VIII, Élisabeth devient l'héritière présomptive de la Couronne britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle s'enrôle au sein de l'Auxiliary Territorial Service.
En 1947, elle épouse Philip Mountbatten avec qui elle aura quatre enfants : Charles, Anne, Andrew et Edward. Son couronnement le 2 juin 1953 est le premier à être retransmis à la télévision.
À son accession au trône britannique le 6 février 1952, Élisabeth II devient la reine de sept États indépendants du Commonwealth : l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada, Ceylan, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan et le Royaume-Uni. Entre 1956 et 1992, le nombre de ses royaumes change car des territoires obtiennent leur indépendance et certains royaumes deviennent des républiques. En plus des pays susmentionnés, Élisabeth II est reine de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de Grenade, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Belize, d'Antigua-et-Barbuda et de Saint-Christophe-et-Niévès.
Au cours d'un long règne où elle voit passer quatorze Premiers ministres, elle réalise de nombreuses visites historiques et supervise plusieurs changements constitutionnels dans ses royaumes comme la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni et le rapatriement de la Constitution du Canada.
Elle rencontre également des moments difficiles, comme l'assassinat de l'oncle du prince Philip, Louis Mountbatten, les séparations et le divorce de trois de ses enfants en 1992 (année qu'elle qualifie d'annus horribilis), la mort de sa belle-fille, Diana Spencer, en 1997 et les décès de sa mère et de sa sœur en 2002. La reine a dû faire face à de virulentes critiques de la presse à l'encontre de la famille royale mais le soutien à la monarchie et sa popularité personnelle restent élevés au sein de la population britannique.
Depuis le 9 septembre 2015, elle est le souverain britannique ayant régné le plus longtemps (65 ans 2 mois et 15 jours), dépassant la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria (63 ans 7 mois et 2 jours). Le 13 octobre 2016, à la suite du décès du roi de Thaïlande Rama IX, elle devient le souverain régnant depuis le plus longtemps et le plus âgé actuellement en fonction.
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Commentaires (1)
- 1. | 21/04/2017
Je suis plutôt porté à croire que la reine Élisabeth II a elle-même été trahie par Pierre Elliot Trudeau lors du rapatriement de la Constitution en 1982 (ce pourquoi elle aurait signé en haut, et non en bas du document). À cette même époque, Margaret Thatcher écrivait : « Si le Québec devenait indépendant, il formerait un État viable; le PQ envisage de demeurer membre du Commonwealth et de l’OTAN. Nous devons songer à l’avenir de nos relations dans l’éventualité de l’indépendance. » (note du consul de Montréal, John Rich, 11 mars 1980).
Attention, je ne suis pas en train d'afficher mon choix personnel de gouvernement... j'essaie simplement de percevoir la vérité des faits dans le spectre de l'histoire.
Comme il est écrit sur la page d'accueil du site du Mouvement républicain du Québec : "Dans le cas d’une souveraineté du Québec, quelle forme de gouvernement sera la mieux adaptée aux besoins particuliers des Québécois et des Québécoises ? En fait, c’est le peuple lui-même qui décidera de la meilleure façon de se gouverner à travers la formation des États généraux et la collecte de cahiers de doléances". En tant qu'organisation démocrate, nous devrons aussi donner la parole aux royalistes s'ils souhaitent prendre la parole.
Alors la question est la suivante : Pourquoi ne pas envisager le retour d'une Monarchie typiquement Française, qui serait un symbole de stabilité et de longévité pour le pays québécois ?! Évidemment, on parlerait ici d'une monarchie constitutionnelle et parlementaire... et bel et bien française. Ne serait-ce pas là un véritable retour à nos sources et à notre très longue histoire gauloise et celtique ?
La question est posée... démocratie oblige.