Sommet de l'OTAN : Le discours de Donald Trump
Par | Le 26/05/2017 | Commentaires (0)
REUTERS — Très attendue, la brève allocution du président américain au nouveau siège de l'ONU à Bruxelles n'a toutefois pas apporté les clarifications souhaitées par ses alliés, échaudés ces derniers mois par sa remise en cause du principe de défense systématique, contenue dans l'article 5 de la charte de l'organisation, qui stipule qu'une attaque contre l'un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous.
« Nous ne renoncerons jamais à notre détermination à vaincre le terrorisme et à assurer une sécurité, une prospérité et une paix durables », a déclaré Donald Trump, juste après avoir dévoilé un mémorial des attentats du 11 septembre 2001. « Il faut mettre un terme au terrorisme [...] ou l'horreur que vous avez vue à Manchester et à tant d'autres endroits se poursuivra sans fin », a-t-il ajouté.
La venue de Donald Trump au mini-sommet de l'OTAN, une première pour le président américain depuis son investiture en janvier dernier, survient sur fond d'inquiétudes des pays d'Europe de l'Est sur un possible désengagement américain en cas d'agression de la Russie.
Des inquiétudes nourries par les critiques répétées du locataire de la Maison-Blanche, qui a qualifié l'Alliance « d'obsolète » – avant de se raviser – et a estimé qu'elle était trop financée par les États-Unis, préconisant une nouvelle répartition des coûts.
Malgré l'attente de ses partenaires de l'Alliance, Donald Trump n'a pas exprimé explicitement jeudi son attachement à la défense systématique entre alliés. Juste après son discours, un responsable américain, membre de la délégation dépêchée à Bruxelles, a toutefois assuré que le président américain restait attaché à cette mesure, qui constitue « le coeur » de l'Alliance.
« Une erreur majeure » pour Nicholas Burns, ancien ambassadeur des États-Unis à l'OTAN entre 2001 et 2005, qui a rappelé sur Twitter que tous les présidents américains depuis Harry Truman se sont engagés à respecter l'article 5 et à défendre l'Europe, si la situation l'exigeait.
Lors de son déjeuner avec Emmanuel Macron, la question de l'article 5 n'a pas été explicitement évoquée, selon l'entourage du président français, mais le dirigeant américain a assuré qu'il soutenait « à 100 % » l'OTAN.
S'exprimant devant ses partenaires, Donald Trump s'en est parallèlement pris, dans des termes particulièrement abrupts, aux États membres de l'OTAN, « qui doivent d'énormes sommes d'argent », précisant avoir été « très, très direct » avec ses interlocuteurs. « Je leur ai dit qu'ils devaient enfin payer leur part et respecter leurs obligations financières », a-t-il dit.
Les pays de l'OTAN se sont engagés en 2014 à porter leur budget de défense à 2 % de leur PIB d'ici 2024. Paris est le troisième pays contributeur au budget de l'OTAN, derrière les États-Unis et l'Allemagne. « Deux pour cent est le strict minimum pour faire face aux menaces actuelles très réelles et très vicieuses », a estimé Donald Trump.
L'OTAN entre dans la coalition anti-EI
Washington, qui exerçait depuis plusieurs mois une pression sur ses alliés pour accroître le rôle de l'OTAN dans la coalition de lutte contre l'État islamique en Irak et en Syrie, a finalement eu gain de cause jeudi lors du mini-sommet qui devait officialiser ce changement.
Berlin, Paris et Rome avaient exprimé ces dernières semaines des réserves face à cette mesure susceptible selon eux de dégrader l'image de l'Alliance atlantique au sein du monde arabe et de mettre à mal l'équilibre de la coalition.
La France est favorable à ce que l'OTAN s'investisse davantage dans la lutte contre le terrorisme, mais il ne faut pas qu'elle « se substitue aux États membres ou aux pays qui participent à la coalition », a déclaré Emmanuel Macron à son homologue américain, selon des propos rapportés par l'Élysée.
« L'OTAN est bien sûr utile pour faire de la coordination, de l'échange de renseignements, mais il ne faut en aucun cas que l'action opérationnelle des différents membres de la coalition ne soit reprise par l'OTAN, ce n'est pas son rôle », a-t-on ajouté dans l'entourage du président français, précisant que Donald Trump avait « bien compris » la position défendue par Paris.
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